C’est la faute à Robespierre ?

Joli mois d’août à Paris. Comme dans la chanson, J’adore les quais de la Seine, l’Ile Saint-Louis, la Place Dauphine, les bouquinistes surgi tout droit du XVIIème siècle. L’âme de Paris. Serait-ce le chant des oiseaux ? Les caresses du soleil ? Les gens ont la tête ailleurs. Quai des Grands Augustins, dans la boite verte, un livre. Et cette phrase  de Robespierre : « Vous n’avez donc rien fait pour le bonheur public si toutes vos lois, si toutes vos institutions ne tendent pas à détruire cette trop grande inégalités des fortunes… ». Ces mots, cette volonté. Après-demain, le 26 août, anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. C’était en 1789. C’était à Versailles. C’était dans la salle des menus plaisirs.  Est-ce un jour passé aux oubliettes de l’Histoire, comme s’il fallait mieux commémorer les jours Saints, les jours d’Armistices ? Toujours Robespierre.  

Au hasard des rues, j’entre dans la librairie Delamain, au 155 rue Saint-Honoré, entre le Palais Royal et le Conseil d’Etat. On ne peut rêver meilleure position. Là, je bute sur le livre d’un psychiatre vendéen des hôpitaux de Paris qui s’emploie à caricaturer l’Incorruptible. Plus loin, un premier roman associant Robespierre à la Terreur… François Furet, Michel Onfray, Lorant Deutsch et avec eux les manuels scolaires nous apprennent dès le plus jeune âge que l’homme est synonyme de Terreur…. Enfin, Robespierre, une politique de la philosophie. Robespierre « aimé du peuple de France comme aucun chef politique, aucun gouvernement de son temps ».  Dans Robespierre reviens !, les auteurs Alexis Corbière et Laurent Maffeïs m’apprennent que Robespierre défend le suffrage universel, le non cumul des mandats, la peine de mort, l’abolition de l’esclavage, une organisation résolument décentralisatrice, et la primauté du peuple… 

Et si Robespierre incarnait l’homme politique rêvé ? Et si la défiance des français envers la politique était la faute de Robespierre qui n’a pas vécu assez longtemps pour imposer durablement son éthique ?

Une perte de confiance collective des citoyens ordinaires Crises et déceptions. Malaise des classes moyennes, déclin de l’industrie, montée du Front National, chômage… Depuis plus de trente ans, les mêmes symptômes conduisent aux mêmes causes.  Le baromètre de la confiance politique mené par le Centre d’étude de la vie politique française (CEVIPOF) en janvier 2013 ne dit pas autre chose soulignant que quand plus de 55% de l’électorat décide de s’abstenir, on peut légitimement supposer que ce boycott des urnes n’émane pas seulement des citoyens les plus fragiles, en état d’auto-exclusion politique. Mais qu’il s’agit d’un acte-sanction témoignant d’une perte de confiance collective des citoyens ordinaires.

L’homme de parole L’homme circule sans aucune escorte, même en pleine nuit, alors que la capitale est peu sûre. Il défend ses convictions politiques avec courage, abnégation, justesse et passion sans jamais se départir d’en analyser les conséquences et les rapports de forces. N’a-t-il pas déclaré à l’Assemblée nationale alors que les émeutes se multiplient contre le peuple, invitant les députés : « à remonter à la source du mal, à découvrir pourquoi le peuple meurt de faim  plutôt que de l’égorger quand il s’attroupe ». Il est toujours élu triomphalement,  à la quasi-unanimité à la présidence de la Convention le 6 juin 1794. Il milite pour le bonheur pour tous… 

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Place du Marché Saint-Honoréil ne subsiste rien du Couvent des dominicains où se réunissait  le club des Jacobins. C’est là que Robespierre aime à se rendre, qu’il essaye ses idées, qu’il est régulièrement acclamé. La place est baptisée « place Robespierre » après le vote du Conseil municipal de Paris le 13 avril 1946 pour être débaptisée en 1950. Aujourd’hui, à la place du couvent détruit en 1816, un temple de verre dédié à la consommation, comme si l’inventeur de la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » adoptée en 1848 devait être à jamais l’éternel oublié de l’Histoire, comme si ses écrits avaient été à jamais ensevelis par la destruction du couvent. Pourtant c’est bien ici, que les larmes de  

Camille Desmoulins saluent l’excellent citoyen qui est certain de payer de sa tête les vérités qu’il vient de dire au moment de la fuite du Roi le 20 juin 1791, alors que l’Assemblée nationale préfère la passer sous silence en la qualifiant d’enlèvement pour désarmer la colère populaire. Robespierre déclare le soir même aux Jacobins : « L’Assemblée nationale trahit les intérêts de la nation ». 800 personnes lui offre une ovation quasi mystique. C’est Jean Poperen qui le narre dans son livre Pour Robespierre. J’entend la voix de Jean Jaurès « sous le soleil de juin 1793 je suis avec Robespierre, et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux Jacobins. Oui, je suis avec lui parce qu’il a à ce moment toute l’ampleur de la Révolution ».

Il est grand temps de redécouvrir Robespierre et de lui redonner sa place, toute sa place au Panthéon de l’Histoire. Une introduction pour réinventer la confiance.

2 réflexions sur “Réinventer la confiance (3)

  1. Renaud BARBE dit :

    Si même Baptiste Maurel cite Robespierre c’est que la rentrée sociale va vraiment être chaude …

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    1. @Renaud 😉 et Merci. Comme quoi je peux t’étonner après plus de 20 ns de militantisme !

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