Chaque fois que je pose un pied Carrer de Santa Eugènia, peu après mon arrivée par le train de la gare ferroviaire toute proche, je ressens comme un profond bonheur. Loin d’un sourire suspendu dans un espace-temps défini ou d’une joie temporaire, mais plus proche d’une certaine sérénité. Cette rue commerçante de la ville bordée d’arbre et habillée d’un large trottoir a une signification particulière. Il y a peut-être un peu de cette Sainte qui a marqué sa communauté de son entrain, de sa gaieté, de sa piété, de sa charité, se dépensant sans compter pour les enfants et engageant une lutte inégale contre la tuberculose… Il y a surement aussi l’empreinte de plus de deux mille ans de résistance héroïque de la cité : invasions militaires, sièges, bombardements, incendies, famines, soif, épidémies… Il y a surtout cette filiation qui me relie à cette voie et à cette cité : la naissance de mon grand-père, il y a près de 100 ans. Girona est belle parce que combattante. Tout comme mon grand-père est debout parce que fiers de cette histoire.
Aujourd’hui, c’est Temps de Flors (le temps des fleurs). Le centre historique est parait de ses plus beaux habits. Tous, habitants, bénévoles, employés communaux, autorités, concourent à faire de cette grande exposition florale, une fête populaire, accueillante et chaleureuse. Monuments, patios, et espaces urbains deviennent de spectaculaires jardins d’agrément. Les habitants se réapproprient la ville le temps des fleurs. Ici et là, aux côtés des employés communaux, ils participent bénévolement au succès de la grande manifestation qui attire chaque année des milliers de touristes.
Et si c’était ça ce que l’on appelle le « Vivre ensemble » ? Loin des blablas et des slogans incantatoires, loin des inventions d’experts, loin des parodies de démocratie participative, mais juste en phase avec ce que veulent les gens : participer au changement concret de leur ville pour un bénéfice immédiat et valorisant.
Et si c’était ça la convivialité retrouvée, une approche où la convivialité, le mieux-être et l’écologie seraient érigées en autant de politiques publiques ?
Il est grand temps d’être à l’écoute, de retrouver une philosophie du vivre ensemble dans laquelle les hommes et les femmes se retrouvent… C’est aussi cela, la leçon de Girona. Il n’y a qu’à voir le sourire des bénévoles et des visiteurs pour comprendre…