Pour en finir avec les apôtres de la dépression collective

vivre-ensemble

Tout est allé très vite. Le train annulé. L’Internet. Le rendez-vous à la sortie d’autoroute. Et l’entrée dans un nouveau club. Celui des gens qui covoiturent. Celui des gens qui ne se connaissent pas et qui se font confiance. Nous sommes cinq dans le combi. Trois hommes. Deux femmes. Au volant, l’étudiant d’à peine dix-neuf ans. A côté, une jeune et silencieuse stagiaire de vingt ans. A l’arrière, un jeune homme de trente ans qui enchaine les petits boulots. Au milieu une jeune trentenaire prolixe, un peu paumée, un peu attachante. Il y a un toulousaine, une basque, un biterrois, un nordique. Et puis, il y a moi. Au milieu d’enquêtes en tout genre et d’interview d’experts qui abreuvent l’opinion publiée sur la « dépression collective » et la peur de l’autre… il y a ce voyage sur l’autoroute de la confiance qui défie toutes les statistiques : les jeunes conducteurs, les accidents de la route, les arrêts sur les aires d’autoroutes, les filles seules, les voyages de nuit… Il y a ce moment suspendu dans un espace-temps où l’on parle de sa vie, de ses envies, de ses phobies, de ses hobbies, de musique et même de politique. Un forum non organisé. Une rencontre spontanée. Des sourires. Des partages de Petits Ecoliers… Jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ? C’est pourtant l’opinion publiée d’une majorité de français selon un sondage effectué par OpinionWay du 25 novembre au 12 décembre auprès d’un échantillon représentatif de 1803 personnes…

Mais où est donc cette dépression collective dans laquelle les français sont censés s’enfoncer ? En tout cas pas sur la toile qui fourmille de gens connectés… pour organiser sa vie, participer à des projets, se rendre mutuellement services… S’il y a bien quelque chose de commun entre un site de covoiturage, une plateforme communautaire de location de lieux d’hébergement, de financement participatif dédiée aux projets créatifs et innovants ou un site de petites annonces, c’est bien l’établissement de nouvelles sociabilités, invisibles à l’œil nu.

Ces communautés de partages, loin des grandes incantations institutionnelles, font liens et sont l’illustration même d’un « vivre ensemble » organisé par les gens eux-mêmes. Et ça tombe plutôt bien, car ces nouvelles expresions collectives au-delà de proposer de belles expériences, portent des noms enchanteurs : BlaBlacar (covoiturage), KissKissBankBank (financement participatif dédiée aux projets créatifs et innovants), leboncoin (petites annonces), Air BnB (location de lieux d’hébergement)…

Tout cela se passe sur la toile. Les mêmes technologies qui ont permis de propulser les printemps arabes, la révolution orange, et d’autres mouvements spontanés permettent aux gens ordinaires de créer des liens en dehors de toute organisation. Pour avoir une photo de ce vivre-ensemble numérique, il suffit d’aller sur Instagram où l’on partage avec des filtres de toutes les couleurs tout à la fois des moments de joies, de peines, d’enchantements… Ce que Gutenberg a fait au Moyen-Age avec l’imprimerie, d’autres le font avec le numérique. Et cela bouleverse tout. A la propriété, à l’autorité, à la coexistence, c’est le partage qui l’emporte.

La philosophe Michela Marzano, citée par CLES, ne dit-elle pas : « En ne faisant jamais confiance, on prend un risque encore plus grand : celui de se condamner à une vie sans amour. »

 

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